L'entrée
de l'école communale N°1,
rue de Jérusalem
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Le
flambeau de la libre pensée proclame fièrement
l'intention laïque
des édiles schaerbeekois
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Henri
Jacobs naît le 3 décembre 1864 à Saint-Josse-ten-Noode à deux pas
de l'école communale dans laquelle son père était directeur. Dans
sa jeunesse, il passera énormément de temps chez son oncle,
architecte. De là vient peut-être sa vocation pour une architecture
consacrée avant tout aux écoles et aux logements sociaux.
Sa
carrière va commencer avec un coup d'éclat. En 1892, son projet
intitulé «Plutôt
la qualité que la quantité»
remporte le concours d'architecture organisé par la commune de
Laeken pour construire des maisons ouvrières. Séduites par le
résultat, les mêmes autorités communales lui confieront deux ans
plus tard la construction d'une école rue Thys-Van Ham. Ce sera la
première et c'est un domaine dans lequel il va exceller. Partisan
des théories de Victor Horta, il va réussir à concilier l'approche
rationnelle du programme architectural de l'Ecole modèle et
l'esthétique raffinée de l'art nouveau. Mais à la différence de
Victor Horta qui ne
se soucie pas du coût
pour satisfaire le goût de ses riches clients, Jacobs travaille avec
des matériaux industriels qu'il utilise bruts.
Les
ferronneries art nouveau combinées aux sgraffites de Privat-Livemont
font de cet ensemble scolaire une œuvre majeure de l'histoire de
l'architecture
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En 1907, la commune de Schaerbeek lui commande les plans de
l'ambitieux centre scolaire n°1. Traversant de part en part l'îlot
compris entre la rue Josaphat et la rue de la Ruche, le terrain
accuse un dénivelé de 12 mètres. Jacobs va compenser cette
déclivité par un ingénieux système de couloirs, de passerelles et
d'escaliers. En jouant avec les différents niveaux, il va réussir à
implanter un immense complexe qui pourra accueillir 1.000 élèves
répartis entre l'école primaire, l'école d'éducation physique
avec son gymnase et sa piscine, l'école d'industrie et de dessin, le
tout complété par une bibliothèque accessible aux habitants du
quartier.
C'est
une véritable usine du savoir que conçoit Henri Jacobs. Il veut
insuffler le goût du bien et du beau. Aucun détail n'est négligé.
Les pavements en carreaux de ciment coloré, la pierre de taille, la
maçonnerie en briques apparentes des murs et des voussettes, les
structures d'acier, les escaliers, les sgraffittes, les fresques, les
mosaïques, les vitraux, les luminaires, l'ébénisterie, la fonte,
le mobilier scolaire, l'éclairage font de cet ensemble une œuvre
d'art total acquise à sa mission pédagogique.
L'école
doit non seulement instruire
mais donner aussi le sens du Bien et du
Beau
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Huart-Hamoir,
bourgmestre, Auguste Reyers échevin de l'instruction publique,
Louis
Bertrand échevin des Finances,. Ils méritent qu'on se souviennent
d'eux...
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Aujourd'hui,
quand on y réfléchit bien, c'est exactement la politique inverse
qui est mise en place par nos ministres de l'enseignement avec leur
«décret inscription». Au lieu d'investir dans les quartiers
populaires, là où la demande est la plus pressante et la plus
urgente, ils s'imaginent qu'envoyer
les élèves des écoles des quartiers défavorisés dans les écoles
des quartiers huppés va
résoudre
tous les problèmes. Comme s'il suffisait de déshabiller Pierre pour
habiller Paul...
Ecole
communale N° 1
Rue
Josaphat, 229 – 241
1030
Schaerbeek